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Mon discours du 8 mai


Ci-dessous, le discours que j’ai prononcé, hier, devant le Monument aux morts du Jardin de l’église de Montchat, pour la 72ème  commémoration du  8 mai 1945.

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Cher-e-s ami-e-s,

Chaque 8 mai, nous nous retrouvons ici pour commémorer la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la 2nde guerre mondiale en Europe.

Se réunir ici, chaque année, c’est bien sûr se tourner vers le passé et rendre un hommage appuyé aux victimes et aux combattants. C’est aussi parler du présent et de notre attachement aux valeurs de la République française, en partie héritées de celles de la Résistance. Au lendemain d’une séquence politique que je ne manquerai pas de qualifier d’inquiétante, je suis soulagé de voir que nos valeurs républicaines l’ont, une fois de plus, emporté.

Car au-delà de nos différences, au-delà de nos divergences, au-delà de notre quotidien, au-delà de nos croyances, au-delà de nos appartenances, il est essentiel de rappeler ce qui nous rassemble ici, au pied de ce Monument aux morts de Montchat.

  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est le souvenir des morts pour la France qui étaient de toutes les régions, de toutes les origines.
  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est le souvenir de 6 années terribles pour les Français.
  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est le souvenir des horreurs de la guerre et de ses conséquences pour les familles à savoir, la privation, la perte et la douleur.
  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est le souvenir de la Shoah avec l’élimination méthodique de 6 millions de juifs et parmi eux, des 44 enfants de la Maison d’Izieu.
  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est l’oppression des minorités politiques, homosexuelles, tsiganes, des personnes handicapées, des francs-maçons.
  • Ce qui nous rassemble, aujourd’hui, c’est le souvenir de la déportation et du système concentrationnaire nazi.

Dans 3 jours exactement, nous commémorerons, le 30ème anniversaire du procès du « Boucher de Lyon » qui s’est tenu du 11 mai au 3 juillet 1987 au Palais de Justice de Lyon. Reconnu coupable de 17 crimes contre l’humanité pour lesquels il était jugé, Klaus BARBIE fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Ce procès hors norme eut une résonnance exceptionnelle. Mené avec rigueur, filmé pour la postérité, très largement médiatisé, le procès Barbie fait, encore aujourd’hui, œuvre de pédagogie. Il nous rappelle que parmi les bourreaux, nul n’est à l’abri de la justice. Il nous rappelle aussi que là où il y a des bourreaux, il y a toujours des Justes. J’encourage d’ailleurs toutes les personnes ici présentes à assister aux nombreux évènements qui auront lieu aux Archives départementales et métropolitaines du Rhône, au Mémorial national de la Prison de Montluc, à l’espace Hillel pour ne citer que le 3ème arrondissement.

Je veux aussi rappeler aujourd’hui que le racisme et l’antisémitisme des années 30 étaient insidieux et avançaient à visage masqué dans une Europe qui traversait une crise économique et sociale majeure. Ne l’oublions pas. Cela doit nous éclairer sur le présent et nous rappeler que c’est un combat qui doit être mené au quotidien, à l’école, dans les associations, dans la sphère publique et privée. Nul ne peut en être exempté.

Cette date du 8 mai, devenue le symbole de la fin de 2nde guerre mondiale, c’est aussi se souvenir du début d’une paix durable pour les Etats européens.

C’est aussi rappeler le combat des Résistantes et des Résistants qui se sont engagés pour la liberté. Sachons-nous rappeler que des femmes et des hommes ont choisi de dire « NON ». Ils ont refusé de collaborer avec la barbarie. Ils ont refusé d’obéir.

Longtemps, nous avons cherché une image presque romantique du héros Résistant. Mais grâce au travail minutieux des historiens, nous savons aujourd’hui qu’il n’existe pas de profil-type. Au contraire, ils étaient issus de toutes les couches sociales. Toutes  les sensibilités politiques, philosophiques et religieuses étaient représentées dans la Résistance. Par ailleurs, des étrangers ont combattu à ses côtés : antifascistes italiens, antinazis allemands, républicains espagnols réfugiés, immigrés polonais et arméniens, juifs apatrides. Ils ont décidé de mettre les valeurs de justice et de solidarité au-dessus de toutes les autres.

Qualifiée de « capitale de la Résistance » par le Général DE GAULLE, la ville de Lyon entretient un lien indéfectible avec son devoir de mémoire. Dans le 3ème, nous y sommes particulièrement sensibles. Grâce au travail du Mémorial Montluc, grâce aux 33 plaques commémoratives répertoriées, patiemment par Maud ROY, dans les rues du 3ème arrondissement, nous avons pleinement conscience de ce qui s’est joué ici. Au n°84 de la route de Genas, par exemple, il est écrit « A la mémoire de Laurent Girard, sous-lieutenant F.F.C. Mort en déportation le 10 mai 1945. A l’âge de 20 ans ». Sur la façade de l’école Léon Jouhaux, on peut lire « Ici, le 24 juin 1944, Blaise DAVI, 28 ans, jeune patriote F.T.P.F a été fusillé par les nazis. Passant. Souviens-toi ».

Oui, notre arrondissement porte encore les stigmates de ce passé à la fois sombre et héroïque. Oui, nous savons l’importance de le regarder en face. Oui, nous savons l’importance de le transmettre et de l’enseigner aux jeunes générations. Au début de mon propos, j’ai dit ce qui rassemble dans le souvenir et la mémoire. J’ai dit l’importance de la punition du boucher de Lyon. Il faut aussi redire que ce qui nous rassemble, c’est 72 ans de paix avec notre voisin allemand. Ce qui nous rassemble, c’est notre passeport Européen qui nous a permis de tourner la page sans oublier et qui doit nous rendre fier.

Après avoir évoqué cette belle amitié franco-allemande, je voudrais que nous puissions avoir une pensée pour deux jeunes français tombés pour la France, le mois dernier, alors qu’ils assuraient notre sécurité et défendaient nos valeurs et notre liberté. Je pense au soldat Julien BARBE, 27 ans, tué dans une attaque djihadiste le 5 avril au Mali. Je pense à Xavier JUGELE, policier de 37 ans abattu par un terroriste jeudi 20 avril sur les Champs-Elysées.

Au lendemain du 8 mai 1945, le Général de LATTRE DE TASSIGNY rendait un formidable hommage à la jeunesse française en conclusion de son discours au peuple français. 72 ans, plus tard, je voudrais redire cette  confiance aux jeunes lyonnais présents aujourd’hui et à travers eux, à l’ensemble de la jeunesse en reprenant ses propres mots : « Célébrons votre victoire : victoire de mai, victoire radieuse de printemps qui redonne à la France, la jeunesse, la force et l’espoir ».

Je vous remercie.

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