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Journée nationale de la Résistance


Ce matin, nous étions réunis devant la stèle Jean MOULIN, à l’angle des rues Mouton-Duvernet et du Dauphiné, pour célébrer la Journée nationale de la Résistance. Voici le discours que j’ai prononcé à cette occasion.

Mesdames et messieurs,

Nous célébrons aujourd’hui, vous le savez, la journée nationale de la Résistance, qui correspond au 74e  anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance. La date très symbolique de la création du CNR, le 27 mai 1943, est devenue en 2013, par un vote quasi unanime du Sénat, « Journée nationale de la résistance ».

Cette commémoration rend donc hommage à celles et ceux qui ont résisté à l’oppression. Un hommage à tous les actes de Résistance, à ces hommes et à ces femmes, illustres pour certains, inconnu-es pour d’autres, qui se sont battus bien souvent au péril de leur vie pour notre liberté.

Ceux que l’on appelle Résistants ont des profils très différents. Issu-es de tous horizons, de tous les milieux sociaux, ils ou elles se sont battus avec leurs moyens. Certains avec des armes, d’autres avec des mots. Certains ont tenté de combattre au parlement, d’autres ont pris le maquis. Certains ont imprimé des tracts, des journaux interdits. Et puis parfois résister, c’était simplement tendre une main, offrir l’hospitalité, se montrer solidaire.

Un des premiers actes de Résistance a lieu le 10 juillet 1940, et il est signé des 80 parlementaires qui votent contre l’attribution des pleins pouvoirs au Maréchal PETAIN. Parmi ces députés, il y avait André PHILIP, mon grand-père. Son vote de résistance, ce « non » opposé dès 1940 au régime de Vichy représente bien sûr pour moi une immense fierté, mais c’est aussi un acte fondateur qui aura guidé et qui guide encore mon engagement politique. J’ai dans mon bureau à la Mairie la très belle photo de Jean MOULIN, avec l’inscription en caractères gras « SAVOIR DESOBEIR ». La Résistance, c’est d’abord obéir à sa conscience, et rester fidèle à ses idéaux.

Cette journée, que nous célébrons ce matin devant cette fresque et cette stèle, à deux pas de la Prison de Montluc, invoque évidemment la mémoire de Jean MOULIN, disparu il y a 74 ans, trois semaines après la réunion clandestine de la rue du Four à Paris, qui marqua la création du Conseil National de la Résistance

Au début de la guerre, Jean MOULIN, est préfet d’Eure-et-Loire. Refusant l’occupation nazie, il sera révoqué par le régime de Vichy en 1940. Il entre en résistance et rejoint Londres en 1941, où il rencontre le général DE GAULLE.

Missionné par le général DE GAULLE, Jean MOULIN souhaitait instaurer ce conseil dans le but de coordonner les actions de la Résistance. Il fut chargé d’unifier les mouvements de résistance et tous leurs différents services - propagande, renseignements, sabotage, entraide - et notamment le plus important, Combat, qui devait devenir une armée secrète chaperonnée par les Forces Françaises Libres.

Après la Libération, le programme du CNR, connu sous le nom “Les jours heureux” conduisit à la mise en œuvre de réformes économiques, sociales et politiques donnant la priorité à l’accès à l’éducation pour tous et posant les bases du modèle social français. Il inspira également la rédaction du préambule de la Constitution de la quatrième République, qui fait partie des textes fondamentaux de notre droit actuel. La sécurité sociale, la retraite, l’indépendance des syndicats, la liberté de la presse, le rétablissement du suffrage universel, c’est au CNR que nous le devons !

Jean MOULIN fut arrêté le 21 juin 1943 dans la maison du docteur DUGOUJON à Caluire-et-Cuire. Il fut incarcéré ici-même, à Montluc, et subit les interrogatoires du chef de la Gestapo, Klaus BARBIE. Nous célébrons d’ailleurs cette année les 30 ans du procès historique qui se tint à Lyon, et au terme duquel BARBIE fut reconnu coupable de 17 crimes contre l’humanité. Voilà 30 ans, BARBIE est venu en France, et il a passé sa 1ère nuit ici, à Montluc, sur le lieu de ses crimes tous plus odieux les uns que les autres. Parmi eux, les enfants d’Izieu qui ont passé la nuit du 6 avril 1944 dans le réfectoire de la prison, après que celui que l’on surnommait le Boucher de Lyon est allé les chercher au fin fond des montagnes de l’Ain.

Après son arrestation, Jean MOULIN fut ensuite transféré à Paris où il fut torturé. Il mourut le 8 juillet 1943 en gare de Metz, dans le train Paris-Berlin qui le conduisait en Allemagne pour y être interrogé.

20 ans plus tard, ses cendres furent transférées au Panthéon, à l’occasion du vingtième anniversaire de la Libération, sous la présidence du Général de Gaulle, et accueillies par un discours solennel d’André MALRAUX peut-être le plus grand discours de la République Française, dont voici un extrait :

« [...] entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle - nos frères dans l’ordre de la Nuit… »

«Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France… »

La Journée nationale de la Résistance est l’occasion d’une réflexion sur les valeurs de la Résistance et celles portées par le programme du Conseil national de la Résistance : le courage, la défense de la République, le souci constant de la justice, de la solidarité, de la tolérance et du respect d’autrui. Nous retrouver tous ici ce matin, c’est une manière de commémorer l’œuvre de Jean MOULIN, celle du CNR et de l’ensemble des résistants à qui nous devons la liberté. C’est penser à tous ceux et à toutes celles qui ont sacrifié leur vie et dont l’Histoire n’a pas toujours retenu le nom. A nous de faire vivre leurs idéaux.

Je vous remercie

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