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FAUT-T-IL AVOIR PEUR DE LA CHINE ?


Je souhaite une nouvelle fois donner la parole à … Christian Philip

La Chine est devenue au fil des dernières semaines un sujet majeur de préoccupation et de débat. Pour ses dirigeants, la Chine “est le monde” et elle se voit en puissance mondiale dominante. Pour le reste du monde, cette forme d’arrogance commence à interroger.

Avoir le regard tourné vers la Chine n’est pas nouveau. Le Président Trump depuis son élection n’a cessé de condamner son influence croissante aussi bien sur un plan politique qu’économique. Mais dans l’ensemble, nous nous sommes satisfaits de la situation : délocalisations en Chine pour produire moins cher et ainsi disposer de produits à bas prix comme profiter d’un marché chinois attractif, afflux de touristes chinois à fort pouvoir d’achat, venue d’étudiants chinois payant des droits d’inscription élevés… Nous avons eu tendance à passer sous silence la violation des droits fondamentaux en Chine, sa politique agressive en mer de Chine ou sa présence toujours plus importante en Afrique.

Le Covid-19 a changé la donne. Sans croire que la Chine aurait créé ce nouveau virus (elle a en souffert comme le reste du monde et ses conséquences économiques seront toutes aussi importantes en Chine qu’ailleurs), le retard pris, volontairement ou non, a alerté le reste du monde est jugé, à tort ou raison, comme responsable d’une pandémie qu’il aurait été plus facile à maîtriser si nous avions été incités à agir plus tôt. Surtout le fait de dépendre de la Chine pour l’achat de masques, d’équipements médicaux, de produits nécessaires à la fabrication de médicaments, a fait prendre conscience d’une excessive dépendance (difficulté à se faire livrer à temps, prix devenus subitement exorbitants, corruption sur certains marchés, qualité déficiente). La Chine a de plus échoué dans sa stratégie d’apparaître comme une forme de sauveur. Malgré des dons ici ou là c’est son impérialisme qui a été ressenti. Chacun aujourd’hui a conscience que nous ne pouvons plus dépendre à ce point de la Chine, qu’il va falloir relocaliser certaines productions essentielles, que nous devons veiller à ce que les grandes entreprises d’Etat chinoises ne profitent pas de la crise économique pour racheter nos entreprises, qu’il faut s’interroger sur l’entrisme chinois (exemple de l’OMS) dans les organisations internationales…Même en Afrique, on a pris conscience que les nombreux prêts de la Chine étaient synonymes d’endettement excessif et de pillage de ressources naturelles.

La Chine sera avec les États Unis l’une des deux puissances mondiales dans les prochaines années. Rompre avec elle serait une grave erreur. Il faut dialoguer avec elle. Son marché de plus d’un milliard d’habitants ne peut être négligé. Mais il faut cesser d’apparaître comme demandeur et de céder à diverses formes de chantage. Il convient d’exercer une pression sur la Chine pour qu’elle respecte les règles internationales, savoir protéger nos entreprises, résister à son agressivité diplomatique. Nous avons des arguments à opposer : la Chine a besoin de venir sur nos marchés (exemple de Huawei), les jeunes chinois ont soif de voyages.

Depuis la prise de pouvoir par Xi, la Chine s’est incontestablement refermée. Je l’ai personnellement constaté. Invité comme Recteur de l’académie de Montpellier en 2010 à développer des échanges éducatifs entre les villes jumelles de Montpellier et Chengdu, à créer une école française sur place, j’ai observé depuis 2/3 ans un retournement de cette politique. Les engagements pris ne sont plus tenus, les étrangers dans leur ensemble sont mal vus et les relations s’étiolent. Ceci dit, même autodésigné président à vie Xi ne sera pas éternel et il faut compter sur une opinion publique chinoise, certes muselée, qui ne supportera pas à terme un tel autoritarisme surtout dans un contexte de moindre croissance économique.

Respectons la Chine mais sachons être un partenaire exigeant. Pour être respecté en retour des Chinois, il faut savoir résister et ne pas céder à certaines pressions. Pour réussir ce défi, il ne faut pas affronter la Chine en ordre dispersé mais collectivement. Les Etats-Unis joueront toujours à part. Aussi voilà un nouvel exemple de la nécessité de plus d’Europe. Seule une stratégie commune européenne peut nous permettre de nous faire respecter par la Chine. Cette dernière l’a bien compris qui cherche, non sans succès, à travers sa politique dite des routes de la soie, de nouer des liens particuliers avec certains membres de l’Union européenne. Il y a urgence. Saurons-nous entre Européens prendre conscience qu’il y va de notre intérêt national de chacun ?

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