facebook_icon twitter_512x512 mail

Catégories

Commentaires récents

Sites Amis

Mes coups de coeur

Presse lyonnaise

Archives

Syndication

Un tour de force sur 20 ans pour les 3 prix Nobel 2020



L’énigme des hépatites post-transfusionnelles

Tout a commencé dans les années 1970 avec Harvey Alter de l’Institut National de la santé américain (NIH) qui travaillait sur la survenue d’hépatites après transfusion. Malgré la découverte récente du VHB par Baruch Blumberg distingué par le prix Nobel en 1976, il restait des zones d’ombre. L’équipe dirigée par Harvey Alter avait constaté avec inquiétude qu’il persistait un grand nombre de cas d’hépatites post-transfusionnelles non expliquées.

Quel était donc cet agent infectieux inconnu ? Après avoir observé que le sang des patients infectés pouvait transmettre la maladie à des chimpanzés, l’équipe du NIH a révélé que le pathogène présentait les caractéristiques d’un virus. C’est à ce moment-là que la maladie mystérieuse a alors été dénommée « hépatite non-A, non-B ».

Parvenir à débusquer le virus

Malgré tous les efforts déployés avec les outils disponibles à l’époque, le virus est resté très difficile à débusquer pendant une décennie. « Malgré une charge virale de plusieurs millions de copies par millimètre, le virus restait invisible car caché dans les limpides, et pris dans des complexes d’anticorps anti-VHC ».

Et il a fallu l’intervention du chercheur britannique Michael Houghton, qui avait émigré aux Etats Unis pour travailler dans la firme pharmaceutique Chiron, pour passer le second cap.

Le vrai découvreur de l’Hépatite C, c’est Michael Houghton.

On n’arrivait pas à cultiver le virus, les outils de la virologie classique ne fonctionnaient pas et il a réussi à identifier le virus à partir de fragments d’ARN. C’était un véritable tour de force à l’époque.

Le VHC à lui seul pathogène

A cette étape, une question restait non résolue : le virus pouvait-il entraîner à lui seul l’hépatite ? C’est là qu’arrive en scène le 3ème protagoniste, Charles M. Rice, chercheur à la Washington University à Saint Louis. Le scientifique a mis le projecteur sur une région jusque-là non caractérisée dans la partie terminale du VHC et qui lui avait paru, à juste titre, importante pour la réplication virale. Il a mis au point de nombreuses méthodes de culture cellulaire pour étudier le virus, à commencer par une reconstitution du génome et de son cycle infectieux, étape par étape, grâce à une analyse minutieuse des protéines et des fragments d’ADN.

Après avoir isolé d’autres variations génétiques d’intérêt, le chercheur a généré un variant de l’ARN du VHC, qui incluait les éléments cibles identifiés mais était dépourvu de ceux considérés inactifs : un mini-génome appelé réplicon. En montrant que l’administration de cet ARN entrainait l’apparition du virus dans le sang chez le singe ainsi que des altérations pathologiques identiques à celles observées chez l’homme, Charles Rice a prouvé que le VHC était seul en cause dans les cas inexpliqués d’hépatite post-transfusionnelle.

Avec 70 millions de cas chaque année, l’hépatite C est encore à l’origine de 400 000 décès et l’une des causes majeures de cancer du foie et de transplantation. S’il semble possible en théorie d’éradiquer l’infection à VHC, il reste aujourd’hui à relever le défi de l’accès aux traitements dans le monde.

Poster un commentaire