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Mourir comment ?


La décision du Conseil d’Etat (non définitive) et l’élargissement de l’euthanasie aux mineurs en Belgique sont deux faits d’actualité en lien avec la fin de vie.

C’est un problème que le cancérologue connait pour avoir vécu des cas particiuliers complexes pendant plus de 30 ans.

Ma première réflexion, c’est que « choisir sa mort » n’est pas aussi simple que le dise ceux qui oublient qu’ils n’ont choisi ni leur sexe, ni la couleur de leur peau, ni leur nationalité, ni l’identité de leurs parents, etc. Les choses les plus importantes de notre vie nous sont données et on ne choisit pas. C’est donc en partie se tromper que de croire que nous sommes les maitres de toute notre vie. La mort est un moment important de notre vie.

Ma deuxième réflexion, c’est que la médecine peut aujourd’hui prolonger artificiellement les fonctions vitales, ce qui fait que la fin de vie devient une décision médicale. Il est donc normal que la réflexion éthique et juridique accompagne l’évolution de la médecine. La situation de la Belgique montre qu’une fois qu’on a franchi l’interdit de donner la mort, on ne sait plus très bien où il faut s’arrêter et les situations d’euthanasie dans ce pays sont de plus en plus nombreuses.

Ma troisième réflexion, c’est que si on peut (et on doit) demander à la médecine d’aller jusqu’au bout des soins pour soulager un patient (en l’endormant de fait), on ne peut pas lui demander de donner la mort et je continue à penser que la loi LEONETTI rédigée par un médecin est celle qui permet d’aller collectivement ai maximum des possibilités de la médecine sans transformer le médecin en bourreau.

La loi LEONETTI s’applique au cas de Vincent LAMBERT même s’il n’est pas formellement en fin de vie. La nutrition et l’hydratation d’un malade en état végétatif sont considérées comme des soins donc elles relèvent, selon moi, de ce que la loi LEONETTI appelle une « obstination déraisonnable ».

On ne choisit pas ses parents (qui refusent dans le cas de Vincent LAMBERT), on choisit sa femme (qui veut respecter le choix de Vincent) et on peut exprimer son propre choix (Vincent LAMBERT l’a fait…. moi aussi dans mon portefeuille !).

Par prudence, le Conseil d’Etat a demandé des expertises supplémentaires qui évidemment conduiront à un arrêt des soins pour le laisser mourir selon les désirs qu’il a exprimés avant son accident.

Alors mourir comment ? Je me rappelle d’un patient en phase terminale qui voulait mourir et qui savait que le traitement de sa douleur allait l’endormir. En s’endormant pour être enfin soulagé, devant sa femme et son médecin, sa dernière phrase a été : « est-ce qu’on peut s’endormir, se réveiller et qu’il n’y ait plus de maladie ? ». Plus de 20 ans après (cette personne malade s’appelait, Thierry comme moi), je m’interroge encore sur le sens de cette phrase, un sens religieux ? L’espoir jusqu’au bout ? Le refus de regarder la mort en face ou d’énoncer un choix ?

Mourir comment, c’est la question qu’on se pose tous. La plupart du temps, comme pour la naissance, nous n’aurons pas le choix. La loi LEONETTI permet de façon collective d’aider les équipes médicales.

Sachez que si la loi LEONETTI est appliquée, il ne reste que très peu de cas sans solution et…. anticipez, rédigez vos directives et confiez-les à une personne de confiance.

Commentaires

Commentaire de Lucie B.
Date: 28 février 2014, 21:54

Un débat extrêmement intéressant mais aussi tellement complexe … au plaisir d’échanger avec toi “plus directement” et plus longuement sur ce sujet !
Et pour + d’infos sur les directives anticipées, c’est ici : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/les_directives_anticipees.pdf.

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