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Ma tribune pour le Huffingtonpost


Ci-dessous, la tribune que j’ai écrit pour le Huffingtonpost en tant que Président de l’Institut Curie.

« Chirurgie ambulatoire: une révolution en marche dans la lutte contre le cancer du sein en France

Le 26 septembre prochain aura lieu à Paris le premier colloque dédié en France au cancer du sein, et au développement de sa prise en charge ambulatoire. L’hospitalisation de jour est un enjeu majeur pour notre pays : enjeu avant tout humain au regard des changements profonds dans l’organisation du soin qu’elle implique ; de la qualité de vie et du confort du patient, qui en seraient grandement améliorés ; enjeu crucial également pour la bonne santé de nos finances publiques. L’Institut Curie, depuis toujours à l’avant-garde dans la lutte contre le cancer, a souhaité s’inscrire pleinement dans ce débat en réunissant tous les acteurs concernés.

Dès les années 1990, l’Institut Curie rendait possible la réalisation de l’acte chirurgical le jour même de l’admission et de la sortie de l’hôpital du patient. Dès 2012, l’Institut Curie décidait de créer à Paris une unité de chirurgie ambulatoire, dédiée en grande partie au cancer du sein sous la responsabilité du Dr Séverine Alran. En l’espace de dix-huit mois, fruit d’un véritable changement culturel opéré coinjointement par patients et les soignants, le taux d’interventions en ambulatoire a progressé de 15% à 40% à l’Institut Curie pour le cancer du sein.

Ces avancées concrètes et rapides témoignent de ce qu’il est possible d’accomplir dès lors que toutes les volontés et les bonnes pratiques sont réunies. Au-delà, elles ne doivent pas dissimuler l’ampleur des efforts qui restent à réaliser à l’échelle de notre pays. Car la France accuse encore un retard éloquent dans ce domaine, avec un taux d’hospitalisation de jour - toutes maladies confondues - estimé à 36% contre plus de 50% en Europe du Nord.

Ne nous le cachons pas : développer la chirurgie ambulatoire implique des changements profonds en termes d’organisation du soin en France. En février dernier, le Président de la République la qualifiait même de révolution. L’hospitalisation de jour relève pourtant du bon sens, tant elle conjugue des bénéfices avérés pour les patients et pour l’univers hospitalier en termes de qualité de soin, de confort et de réduction de coûts. Aujourd’hui 95% des chimiothérapies et 100% de la radiothérapie dans le cancer du sein sont fait déjà, et ce depuis de nombreuses années en ambulatoire.

Le temps n’est donc plus, à l’hôpital, au nombre de lits qui faisait la grandeur d’un service et le pouvoir d’un chef de service. Avec la chirurgie ambulatoire, l’hôpital retrouve enfin tout le sens de sa mission première, à savoir le soin : un soin d’extrême qualité, mené dans des conditions de sécurité optimale, centré sur le patient, sa santé et le confort de sa vie quotidienne.

Pour les professionnels de la santé, le moment est donc venu de faire preuve de volonté et de responsabilité collectives. Il est aujourd’hui possible d’améliorer la prise en charge des patients en convertissant le temps d’hospitalisation en temps de consultation, d’annonce et d’actes chirurgicaux ambulatoires. Pour ce faire, un lien fort se doit d’être établi entre les professionnels de santé ville-hôpital dès le départ du parcours de soin de chaque patient. Cette synergie doit se traduire ensuite par la mise en place d’une organisation nouvelle, à la fois pluridisciplinaire et pluriprofessionnelle, associant étroitement chirurgiens, anesthésistes et radiologues - pour les repérages préopératoires, soit 40% des actes - mais aussi les infirmières et les kinésithérapeutes.

Dans ces changements profonds d’habitudes et de pratiques, les professionnels de la santé ne sont pas seuls. Ils sont encouragés et soutenus tout d’abord par l’Etat, avec les mesures du plan Cancer III. Ainsi, pour 2016, les pouvoirs publics par la voix de la Ministre Marisol Touraine ont fixé comme objectif une part de 50 % d’ambulatoire dans l’ensemble de l’activité chirurgicale. Cette transition doit permettre de réaliser des économies substantielles et combler en partie le déficit de la Sécurité Sociale.

Tout aussi importante, la dimension psychologique de la prise en charge ambulatoire. A une très large majorité, les Français plébiscitent l’hospitalisation de jour, conscients qu’à qualité de traitement équivalente, elle seule permet au patient de rester auprès des siens, dans son environnement habituel. 79% des Français la jugent ainsi préférable pour un patient atteint de cancer. Ce taux monte à 85% chez les femmes et les 35-49 ans. La préservation du moral et de l’équilibre psychologique, éléments déterminants pour faire face à la maladie, sont mis en avant dans cette volonté de maintien du lien social.

Aujourd’hui, les bénéfices conjugués de la chirurgie ambulatoire ne sont plus à démontrer. C’est d’autant plus vrai dans la chirurgie du cancer du sein, qui s’avère aujourd’hui particulièrement adaptée à la prise en charge ambulatoire. Dans les années 1950, une majorité de patientes présentaient des tumeurs évoluées qui exigeaient des traitements chirurgicaux lourds et des durées d’hospitalisation prolongées. Ce n’est plus le cas de nos jours : grâce à un dépistage précoce et au Plan Cancer, 70 % des patientes sont en bonne santé à leur arrivée à l’hôpital, avec un cancer du sein de premier stade qui nécessite une chirurgie limitée et réglée.

Et pourtant, y compris dans ce domaine, les bonnes pratiques restent encore à développer. Pour l’Institut Curie, précurseur de la chirurgie ambulatoire, le moment est donc venu d’établir un véritable retour d’expertise en réunissant tous les acteurs concernés. Professionnels de la santé, patients, monde associatif, journalistes, grand public, chacun apportera son regard, son expérience, sa réflexion. Telle est l’ambition de notre colloque : faire toute la lumière sur les enjeux de la chirurgie ambulatoire, lever les interrogations, mesurer les avancées et témoigner des pistes d’amélioration qui se dessinent.

Cette initiative s’affirme comme le relais de notre engagement concret auprès des patients, dont la prise en charge des soins mais aussi la vie quotidienne doivent être sans cesse améliorées.”

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