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Plus jamais ça !


Hier, j’étais avec Alain GIORDANO, Jean-Dominique DURAND, et Edith ARON pour la plantation d’une bouture du célèbre marronnier d’Anne FRANK sur la place Marc ARON, en face de la Mairie. C’était particulièrement émouvant.

Vous trouverez en dessous des photos mon discours en intégralité dont le message principal adressé à la jeunesse s’articulait autour de “PLUS JAMAIS CA”.

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C’est un vrai plaisir d’être ici avec vous pour honorer la mémoire d’Anne FRANK à travers la bouture de ce célèbre marronnier. Je voudrais tout d’abord remercier deux absents qui ont beaucoup œuvré pour nous faire don de cette bouture. Il s’agit de Monsieur Emile AZOULAY et de Madame Simone CIZAIN dont la petite fille était la vedette de la pièce « le Journal d’Anne Frank » que nous avions beaucoup appréciée lors de notre traditionnel spectacle du nouvel an.

La planter, à vos côtés, Edith, sur cette place Marc ARON, mais aussi avec les élèves de l’école André PHILIP, qui est mon grand-père et du collège Gilbert DRU, un héros de la Résistance, fait particulièrement sens pour moi.  C’est donc avec beaucoup d’émotion que je parle aujourd’hui. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la mémoire et sa transmission. Nous sommes réunis aujourd’hui, pour que, plus de 70 ans après, nous réaffirmions ensemble 3 petits mots mais ô combien nécessaires :

« PLUS  - JAMAIS - CA ! ».

En tenant son journal du 12 juin 1942 au 11 août 1944, Anne FRANK nous aura, mieux que quiconque, éclairés sur la folie nazie. Car si les chiffres horrifient (on s’accorde aujourd’hui autour de l’extermination de 6 millions de juifs), ce sont les mots qui nous bouleversent. D’autant que ceux là sont ceux d’une petite fille. Ces paroles, au cœur de l’apocalypse, sont tellement vraies qu’elles ne laissent personne indifférent.

Vous le savez, Anne FRANK n’aura pas survécu longtemps à cette barbarie. Arrêtée puis déportée, elle mourut à l’âge de 15 ans, en mars 1945, quelques jours seulement avant la libération du camp de BERGEN-BELSEN.

Son père, Otto FRANK, qui avait survécu, s’est éteint en 1980. Miep GIES, la protectrice des huit reclus est décédée en 2010. Le 23 août de cette même année, le marronnier, cet « arbre de la liberté » qu’Anne FRANK voyait de sa cachette, et grâce auquel elle suivait les saisons, a été abattu à Amsterdam car il était malade.

Aujourd’hui, que reste-t-il ?

Il reste les boutures, comme celles que nous avons plantées ensemble aujourd’hui. Il y en a dans de nombreuses villes comme à Washington, à Paris et bien sûr à Amsterdam. Je peux vous assurer que nous veillerons attentivement à sa protection.

Mais je veux dire aussi que ce qui reste et restera toujours, c’est son Journal. Le 11 mai 1944, elle écrivait « Depuis longtemps, mon souhait le plus cher est de devenir journaliste, et plus tard, un écrivain célèbre ». Ecrivaine, elle l’était déjà sans le savoir. Célèbre, elle l’est aujourd’hui et pour toujours. Son Journal, traduit en 60 langues restera l’une des plus grandes aventures littéraires et éditoriales du 20ème siècle.

Ce journal est aujourd’hui indestructible. Il a traversé les tempêtes. Il a survécu au chaos. Il a été préservé de la destruction, puis arraché à l’oubli. Il a donné une voix et un visage à chacune des victimes de la Shoah. La vie d’Anne FRANK a été volée mais son nom est gravé dans l’histoire et les sanglots d’Anne  hanteront à jamais la mémoire de l’humanité. Cela, non pas pour nous rendre triste, mais pour nous rappeler que, PLUS JAMAIS, nous ne voulons revivre ça. La littérature et plus largement la culture résiste à la barbarie. Primo LEVI disait d’ailleurs « qu’écrire un livre, c’est avant tout une libération intérieure ».

Je souhaite aujourd’hui m’adresser tout particulièrement aux élèves de l’école André PHILIP et du collège Gilbert DRU. Vous avez à peu près 10 ans, soit à quelque chose près l’âge d’Anne. Vous avez travaillé sur la seconde guerre mondiale, sur l’occupation et sur l’horreur nazie. Vous nous avez lu des extraits du Journal d’Anne FRANK.

Vous savez qu’en Europe, en France et à Lyon, des enfants, des hommes et des femmes ont été assassinés par les nazis, simplement parce qu’ils étaient juifs. Il y eut aussi, dans notre région, les 44 enfants d’IZIEU qui ont également connu un destin tragique avec leurs 7 accompagnateurs (sur les 51 personnes, une seule est revenue).

Je veux vous dire aujourd’hui : Ne les oubliez pas !

N’oubliez pas, non plus, dans notre monde où vous entendez parler de barbarie tous les jours, que d’autres femmes et d’autres hommes ont dit « NON ». Ils ont refusé de collaborer avec cette barbarie et ce cauchemar organisé. Ils ont refusé d’obéir. Ils ont choisi de dire « non ». Ils ont souhaité résister. Ils ont, au quotidien, aidé des enfants, des hommes et des femmes. Ceux que l’on voit aujourd’hui comme des héros ne l’étaient pas à l’époque. Mais ils ont décidé de mettre les valeurs de justice et de solidarité au dessus de toutes les autres. Et cela également dans les actions de tous les jours.

Alors, si vous entendez dans la cour d’école ou dans les transports quelqu’un être moqué ou mis à l’écart en raison de sa couleur de peau, de son physique, de son nom, de sa religion ou simplement en raison de sa différence, dites « NON ». Dites que cela suffit car cela est injuste et dangereux. Apprenez à expliquer vos différences et à respecter celles des autres, à lutter contre le racisme et l’antisémitisme et ce, tous les jours. Quand on est un héros, en général, personne ne le sait.

Nelson MANDELA, un héros de l’Afrique du Sud qui a passé presque 30 ans en prison en raison de sa couleur de peau disait : « J’ai lu et relu le livre d’Anne Frank, et j’y ai puisé la force, l’espoir et le pardon ». Vous offrir ce Journal aujourd’hui, c’est espérer qu’il puisse être, pour vous aussi, une source d’inspiration. Chacun d’entre vous, chers enfants, recevra tout à l’heure un exemplaire.

Avant de passer la parole, je voudrais que nous disions, tous ensemble et haut et fort :

PLUS JAMAIS CA !”

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