La recherche médicale mérite attention (2/2)
Comme convenu dans mon blog d’hier et pour alimenter la réflexion, je vous fais part aujourd’hui des propositions d’Alain Fischer pour accroître l’efficacité de notre système de recherche :
1. Nécessité d’une revalorisation progressive mais substantielle du financement de la recherche, notamment en sciences de la vie en s’inspirant de la démarche allemande au cours de ces vingt dernières années. Réorienter une partie du crédit impôt recherche. Cet effort est indispensable pour attirer de jeunes chercheurs, constituer et renforcer le « tissu » de recherche du pays. Il faut éviter deux écueils : le saupoudrage et la concentration excessive des moyens autour d’un nombre trop restreint de chercheurs et d’instituts.
2. L’effort financier doit concerner en premier lieu les salaires à tous les stades de la carrière des acteurs de la recherche y compris les acteurs de la recherche clinique, mais aussi les équipements, les infrastructures et les crédits de fonctionnement des équipes de recherche.
3. Un effort de rééquilibrage au bénéfice du financement récurrent par dotation paraît nécessaire sous condition de la prise en considération effective de l’évaluation des équipes de recherche.
4. Évaluer mieux les équipes, moins souvent, et en tirer les conséquences. Simplifier et limiter la fréquence des évaluations des chercheurs et de leurs équipes. Cette évaluation doit suivre scrupuleusement les principes de la déclaration dite de DORA et les recommandations du COARA qui privilégient l’évaluation qualitative par rapport à l’évaluation quantitative.
5. Simplifier l’organisation des agences et opérateurs de la recherche. Pour la recherche biomédicale, confier à l’Inserm la responsabilité des agences thématiques et du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) afin de lui donner les moyens d’élaborer et de mettre en œuvre une vision stratégique globale de la recherche biomédicale et d’en assurer une bien meilleure efficacité.
6. Envisager une transformation de la structure du financement de la recherche en confiant aux EPST et aux EPIC non seulement l’attribution des dotations récurrentes aux équipes mais aussi le financement par projet dans leur champ respectif. Les capacités stratégiques des établissements seraient ainsi renforcées alors que l’organisation serait simplifiée : le financement de la recherche reposerait sur deux piliers, (universités d’une part, EPST/EPIC), au lieu de trois actuellement (universités, EPST/EPIC et ANR). Les alternatives consistant à conserver universités et ANR en supprimant les EPST, ou à conserver EPST et ANR en excluant les universités ne sont ni réalistes ni souhaitables.
7. Réformer l’organisation des CHU en rapprochant autant que possible les institutions en charge des trois missions principales (soins, enseignement et recherche), expérimenter en s’inspirant du modèle néerlandais.
8. Développer des instituts de recherche (modèle IHU) sur site au sein des CHU à chaque fois que possible en s’appuyant sur une solide évaluation a posteriori par les tutelles. D’une manière plus générale, élaborer une stratégie de site en s’appuyant sur les compétences et spécificités régionales.
9. Mettre en place un plan de développement de la recherche et de l’enseignement en santé publique au sein des facultés de santé mais aussi en UFR de sciences humaines et sociales et au sein des EPST. Mettre l’accent sur la question des inégalités socio-culturelles, sources majeures des inégalités en santé.
10. Renforcer l’emploi des docteurs dans les entreprises, poursuivre les actions de facilitation de l’innovation en santé.
11. Faciliter les transferts de la recherche fondamentale aux acteurs de la recherche opérationnelle, à la logistique et aux agences de régulation et d’autorisation des produits de santé.
12. Développer la culture scientifique à tous les âges de la vie, favoriser et réguler l’intervention des scientifiques dans les médias. Renforcer la place des experts scientifiques auprès des décideurs tant dans le monde industriel que politique.
Posté le : 8 février 2023 dans Points de vue.
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