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Assemblée générale de la Maison d’Izieu


Le 27 mai, j’ai présidé ma deuxième assemblée générale depuis que je suis président du Memorial d’Izieu.
C’est un moment important de la vie et de notre association.
Je souhaite partager avec vous mon intervention.

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Merci de votre présence à cette Assemblée générale.

Izieu est un symbole, le symbole de la barbarie mais aussi le symbole de la justice et de la mémoire.

Dans le cadre des commémorations du 30ème anniversaire du procès de Klaus Barbie, une journée spéciale de rencontres et d’échanges a été organisée au Mémorial le dimanche 14 mai 2017.

Nous avons, à cette occasion, pu écouter trois grands juristes qui nous parlaient de Nuremberg qui a établi le crime contre l’humanité puis, avec Eichmann et Barbie, nous avons parlé de la mémoire retrouvée, de la recherche et du jugement des criminels nazis et bien sûr des enfants d’Izieu au cœur du procès de Klaus Barbie, avec les témoignages de Beate et Serge Klarsfeld, Alain Jakubovicz, d’Henry Alexander et de Samuel Pintel.

Izieu, c’est le Crime, la Mémoire mais c’est donc aussi la Justice.

La Mémoire en cette année 2017, c’était bien sûr le procès Barbie mais c’est aussi la triste nouvelle du décès d’Henri Wolman le 29 novembre. Il fut accueilli avec Roger, son frère et Henri Kaufman, son cousin à la Colonie d’Izieu. Henri s’est beaucoup impliqué dans la vie de l’Association de la Maison d’Izieu. Il fut d’ailleurs à l’origine de la modification des statuts qui font aujourd’hui des enfants de la colonie des membres de droit de l’association.

La Mémoire, c’est aussi tout le travail qui est fait ici pour perpétuer le souvenir des 44 enfants et de leurs 7 éducateurs qui, avec la complicité active de l’Etat français, furent victimes de la barbarie nazie. Notre mission c’est d’informer, d’éduquer tous les publics - jeunes et adultes - sur la Shoah, sur la Shoah des enfants, sur le crime contre l’humanité.

Avec Dominique Vidaud et l’équipe de la Maison d’Izieu, nous avons ouvert depuis deux ans une réflexion approfondie sur la fonction d’un lieu de mémoire tel que la Maison d’Izieu et sa nécessaire adaptation aux enjeux civiques du temps présent. Le directeur vous en parlera dans son rapport d’activité.

Nous continuons à faire d’Izieu un lieu de réflexion sur la notion d’humanité et le respect des différences dans un environnement laïc et républicain. Nous avons reçu 30 000 visiteurs, 13 000 scolaires, des jeunes, des adolescents, des policiers, des gendarmes. Nous avons accueilli des stages de l’Académie de Lyon. Nous avons eu des relations avec des Lycées de la Région mais aussi de toute l’Europe.

Nous avons continué à renforcer les liens de notre Mémorial avec les institutions juives d’Auvergne Rhône-Alpes. Nous avons relancé la recherche de liens avec les familles d’enfants passés par Izieu et dispersés dans le monde aujourd’hui. Nous avons poursuivi la mise en réseau du Mémorial de la Maison d’Izieu en inaugurant un collège Sabine Zlatin à Belley, en travaillant dans le réseau MEMORHA, dans le réseau des lieux de mémoire de la Shoah, dans des partenariats internationaux et nous avons aussi continué le projet avec la Région Auvergne Rhône-Alpes d’enfants réfugiés hier mais aussi aujourd’hui. Nous avons travaillé avec Dieulefit, avec le Chambon-sur-Lignon, dans des collèges où des enfants réfugiés d’aujourd’hui font partie des classes et nous avons pu interroger les enfants sur la notion de réfugié, sur l’accueil et sur le vivre ensemble.

Notre ambition est de faire aussi d’Izieu un lieu de recherche universitaire reconnu par la communauté scientifique.

Nous renforçons nos liens avec les facultés de droit de Poitiers et de Lyon3 autour du thème du crime contre l’humanité, des génocides et de la justice pénale internationale. Nous sommes en train de travailler aussi à la construction d’un projet d’accueil de manifestations culturelles à Izieu.

Nous n’oublions pas notre mission principale qui est l’accueil du public et nous avons fermé la Maison d’Izieu cette année pendant plusieurs semaines pour faire un séminaire de formation de toute l’équipe qui a été à la fois un « teambuilding » et une réflexion sur les méthodes pédagogiques. Ce séminaire a été un grand succès et nous permet d’accueillir les 30 000 visiteurs annuels dans une meilleure organisation et dans un esprit collectif que je veux souligner.

Si Izieu s’insère petit à petit comme un élément clef du paysage mémoriel de la Shoah mais aussi de la formation des jeunes et des adultes dans le monde actuel pour poser les problèmes d’aujourd’hui, c’est grâce à cette équipe soudée, volontaire et surtout compétente à qui je veux rendre hommage.

Nous avons eu aussi la grande fierté de recevoir, en Juillet 2017, le séminaire européen organisé par le Yad Vashem sur le thème « The fate of children during the Shoah ». Il y avait une vingtaine de participants sélectionnés de 17 pays différents, après avoir reçu 78 candidatures de vingt pays. Nous retournerons à Jérusalem cette année et continueront le travail avec le Yad Vashem sur la mémoire.

2017 a été aussi l’année des deux séminaires sur « Vie et destin des communautés SEPHARADES ». Ce séminaire comprenait deux volets : le premier, intitulé “Vie sépharade de l’Espagne au Levant” s’est déroulé en avril 2017 à la Casa de Velázquez (Madrid). Le second, intitulé “Destin des communautés sépharades” se déroulera à Thessalonique en octobre 2017. Je souligne la grande cohérence entre ce projet et la vocation de la MI : non seulement des familles sépharades ont été victimes des événements d’Izieu mais de plus, elles ont été un élément déterminant lors de la tenue du procès de Klaus Barbie. Le séminaire a fait preuve d’un haut degré de scientificité tout en mettant l’accent sur la valorisation pédagogique par le biais d’ateliers. Le rapport à l’actualité a sous-tendu les débats très riches : histoire des exils, syncrétisme religieux, travail de mémoire, etc. Le séminaire a été complété par des visites, notamment à Tolède et à Cordoue, et par des manifestations artistiques (concert de musique sépharade).  Le coût total de ce séminaire dont le deuxième volet a eu lieu en Grèce en octobre reste modéré, de l’ordre de 12 000€, et a bénéficié de l’appui financier de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et de la Fondation Matanel.

Enfin, en mars a eu lieu le séminaire sur « le rôle du procès dans la construction mémorielle des crimes de masse » pour la troisième fois consécutive. Il s’agissait cette fois de se concentrer sur les lois : lois de prescription, lois d’amnistie, lois mémorielles. Ce séminaire a bénéficié de la participation de Mathilde Gay-Philip et de Tal Bruttmann. Il a réuni une cinquantaine de participants (intervenants, étudiants) : à l’avenir, il devrait être limité à 35 personnes.  Ce séminaire offre aussi la possibilité au monde académique de découvrir la MI. Son coût est évalué à 10 000€ pour la MI, une somme réduite grâce à l’aide de la DMPA (Direction Monuments, Patrimoine et Archives) du Ministère de la Défense, de l’ordre de 4000€.

Je veux remercier enfin notre conseil scientifique qui, depuis novembre 2016, s’est réuni à trois reprises. Il nous aide beaucoup à structurer notre réflexion et nos objectifs.

Sur le plan financier, le trésorier vous le dira, nous finissons en 2017 une nouvelle année à l’équilibre mais il nous faut des ressources nouvelles et nous vous parlerons tout à l’heure du Fond de Dotation en vous proposant de créer « le fond S.Zlatin » qui permettra, je l’espère, d’augmenter nos ressources.

Enfin, notre directeur vous parlera des très belles cérémonies du 6 avril et du 29 avril mais aussi de ce que nous préparons pour le mois de juillet.

Notre objectif c’est la Mémoire, et le Présent.

Si la Shoah constitue un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité, le présent du racisme, de l’antisémitisme, du rejet de l’autre et de la haine ne sont l’apanage d’aucune époque, d’aucune culture, d’aucun peuple. Il menace à des degrés divers, sous des formes variées, au quotidien, partout, toujours, dans le siècle passé comme dans celui où nous vivons, aujourd’hui et maintenant.

L’enseignement de la Shoah n’est pas un vaccin contre l’antisémitisme ni les dérives totalitaires mais il peut aider à forger la conscience de chacun et de chacune. Il doit faire réfléchir sur ce que furent les mécanismes et les conséquences de cette histoire dramatique.

Nous sommes conscients du climat d’antisémitisme qui existe dans certains quartiers et notre enseignement, ici à Izieu, c’est que le plus grand hommage que l’on puisse rendre aux victimes des crimes passés c’est d’être impitoyable dans le présent.  Dominique Vidaud vous parlera des initiatives prises par le conseil d’administration à ce sujet. L’antisémitisme des banlieues est en essor quand les autres sont en déclin. C’est pour cela que nous travaillons avec les collèges et les lycées de banlieue. L’antisémitisme, comme toutes les formes de racisme, constitue un tout et nous le combattons totalement là où il existe, sans sous-estimer les difficultés mais sans peur non plus d’aborder les problèmes là où il faut le faire. Nous sommes persuadés, ici à Izieu, que c’est d’un sursaut éducatif dont nous avons besoin dans ces quartiers. Nous pensons très fortement que l’instruction ne va pas de soi, qu’il faut y travailler dans de véritables alliances éducatives avec les parents, les professeurs, les éducateurs, les politiques, les associations et c’est ce que nous faisons avec beaucoup d’espoir de faire avancer dans le présent la signification de cette mémoire comme un outil pour transformer le réel.

Le révisionnisme d’Etat en Pologne nous concerne donc et concerne notre réflexion sur l’enseignement de la Shoah des enfants. Notre président d’honneur a été le premier à s’émouvoir sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et j’en ai fait le centre de mon discours du 6 avril.

Ce message que le gouvernement polonais ne veut pas entendre, c’est le message de l’Europe de Simone Veil, de celle que nous faisons vivre ici à Izieu dans la réconciliation franco-allemande, c’est celle que les 44 enfants d’Izieu et leurs 7 éducateurs qui venaient de toute l’Europe nous demande de promouvoir dans le présent. C’est un message d’actualité.

Merci donc d’être là. Nous allons vous parler de nos difficultés et de nos espoirs, de nos projets en détail et je ne serai donc pas plus long.

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