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Maintenant, nous devons Revivre, et vite


Ce jour, je souhaite donner la parole à Pierre REBOUL


Nous avons plongé nos économies dans une crise de catalepsie et il est désormais temps de tout remettre en marche, si nous ne voulons pas que notre vie ressemble au film Groundhog Day.

La stratégie d’un réveil partiel, ou trop progressif, est en effet particulièrement risquée. On ne peut remettre en marche quelques secteurs et en laisser de nombreux autres à l’arrêt, ça ne fonctionnera pas. Le malade ne sortira pas du coma, si on se contente de réactiver tel ou tel organe, tout en laissant les autres inertes.

Parce que la situation dans laquelle nous nous trouvons, au terme de deux mois d’inactivité, n’a en effet aucun rapport avec la situation antérieure. Elle comporte à la fois quelques certitudes et, surtout, un grand nombre d’inconnues.

Les certitudes, d’abord. Elles sont peu nombreuses, mais elles sont particulièrement lourdes. La première est la perte de chiffre d’affaires qui, dans certains secteurs, approche les 100%. La seconde concerne l’augmentation non prévue de l’endettement, due au prêts garantis par l’Etat et au report du paiement des charges sociales. En situation normale, les entreprises font du chiffre d’affaires. Là, au cours des deux mois passés, elles n’ont rien vendu et se sont endettées. Et ce n’est pas terminé.

A partir du mois de novembre, il faudra donc payer les charges sociales qui ont été décalées, plus les charges du mois en cours, puis viendra le remboursement des prêts garantis par l’Etat. D’un côté une perte de chiffre d’affaires, de l’autre des marchés qui n’auront pas récupéré leur niveau d’avant crise et, pour couronner le tout, des sorties de trésorerie exceptionnelles. Quelle entreprise peut supporter cela ?

Les inconnues sont innombrables. Tout d’abord, le maintien de la distanciation sociale, qui impacte le modèle économique de très nombreux opérateurs, dans la restauration, la culture, le transport, le commerce, l’évènementiel… Le comportement du public, dont on ne sait s’il acceptera de se retrouver, de nouveau, dans des lieux à forte fréquentation. L’investissement, qui sera affecté par cet endettement accru des entreprises, et dont on ne peut évaluer l’impact avec précision. Les licenciements, enfin, qui ne manqueront pas, mais combien ? Mystère.

Nous savons également que la consommation et l’achat de produits risqués (eg. l’automobile) subiront un contrecoup significatif mais, là aussi, nous ne sommes pas en mesure d’anticiper l’ampleur du phénomène.

Les chefs d’entreprise aiment se trouver en terrain ferme, ils ont besoin d’information pour prendre leurs décisions. Or, jamais dans l’histoire récente, ils n’ont été confrontés à une telle obscurité.

Comment, en effet, décider sans pourvoir évaluer son marché, sans savoir si nous pourrons traverser les frontières, ni réunir plus de 50 personnes dans un même lieu ?

Nous ne sommes donc pas dans une situation équivalente à « celle du mois de mars, mais à l’arrêt ». Et la seule stratégie qui peut fonctionner est celle d’un redémarrage de toute l’activité. Un redémarrage progressif, par secteurs, n’aurait aucun sens. Parce que les personnes licenciées ne consommeront pas, parce que sans investissement, il n’y plus de PIB, parce qu’il va bien falloir rembourser la dette additionnelle, parce si nous maintenons 30% du PIB à zéro, c’est en réalité toute l’économie qui est à zéro.

Bien entendu, j’entends les critiques qui opposent économie et santé. Mais cette distinction n’a aucun sens. On ne peut financer aucun système de santé sans une économie opérationnelle. Serons-nous en meilleure santé, si nos économies empruntent la voie qu’a suivie l’économie libanaise ?

Le rôle d’un think tank comme l’EBG est précisément de contribuer à la reprise du marché et d’aider ses adhérents à prendre des décisions. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé d’organiser notre Assemblée Générale mardi 30 juin, en direct sur Internet. Nous donnerons la parole à tous les chefs d’entreprise, qui se trouvent au cœur de cette crise, avec un leitmotiv : la reprise.

Nous avons également lancé les Meetup EBG 500, qui réunissent les CMO/CDOs des marques adhérentes, pour les aider à manager la reprise.

Enfin, je n’oublie pas un risque encore plus grand, dont plus personne ne parle, mais qui poursuit sa progression. Alors que les médias se focalisent sur le virus, notre Terre a encore battu des records de chaleur, qui s’ajoutent aux records passés. Le transport aérien est d’ailleurs très représentatif de notre schizophrénie : nous nous inquiétions, à juste titre, que le nombre de passagers double tous les 17 ans et nous voilà consternés de voir que toutes les compagnies aériennes sont à l’arrêt.

C’est là tout le problème : nous devons à la fois travailler, faire tourner nos usines tout en préservant l’avenir d’un monde qui contient 8 milliards d’Humains.

C’est la raison pour laquelle nous allons également reprendre les activités de la Transition Maintenant, parce qu’il est tout aussi important de vivre maintenant que de nous assurer que nous pourrons vivre demain.

Et ce sera ma conclusion. Pendant deux mois, nous avons décidé de cesser de vivre pour éviter de mourir. A partir d’aujourd’hui, toujours pour éviter de mourir, nous allons devoir (re)vivre. Rapidement et totalement.

Commentaires

Commentaire de sergyl LAFONT
Date: 12 mai 2020, 9:52

Merci pour ce texte particulierement pertinent que j’ai partagé sur Linkedin Twitter et Facebook!
….dommage qu’il soit difficile sur le plan “technique” d’effectuer un tel partage de façon correct…Amicalement

Commentaire de Filippi Michel
Date: 13 mai 2020, 11:47

Je trouve sain de montrer que l’industrie est composée d’entités interdépendantes et forme comme un corps. Cependant de nombreuses parties ont continué à vivre et n’ont donc plus la même expérience du monde que celles qui se sont arrêtées qui ont aussi leur propre expérience. Certaines ont vu leurs personnels fairel’expérience de la mort imprévue.
Alors peut-on “redémarrer” sans tenir compte de cette divergence des expériences, de leurs possibles impacts ?
Et l’environnement industriel et commercial est perturbé sans que nous sachions comment il se comportera à moyen et long termes.
Peut-on alors redémarrer comme ça sans pour le moins penser une véritable “Grande stratégie”?

Commentaire de Thierry Philip
Date: 15 mai 2020, 14:09

Merci pour votre commentaire très juste.
En ce qui me concerne, je pense qu’il faut évidemment redémarrer pour des raisons économiques et que la clé c’est de le faire avec les organisations syndicales et après une information complètement transparente.

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