facebook_icon twitter_512x512 mail

Catégories

Commentaires récents

Sites Amis

Mes coups de coeur

Presse lyonnaise

Archives

Syndication

L’Europe n’est pas à la fête ? Faites l’Europe !


Je souhaite partager avec vous cette tribune qui a été publiée par Ouest-France le 11 mai 2020, écrite conjointement par :

Yves Bertoncini, Jean-Louis Bourlanges, Jean-Marie Cavada, Anne-Marie Idrac, Pierre Moscovici et Christian Philip, Président et ancien.ne.s Président.e.s du Mouvement Européen-France.

—- °—-° —°

Le coronavirus ne doit pas occulter la nécessaire célébration du 70ème anniversaire de la déclaration Schuman, qui a permis à notre pays d’initier une « construction européenne » dont il est et demeure un acteur essentiel. Adressée à l’Allemagne et à nos voisins tout juste cinq ans après la fin d’une guerre tragique et meurtrière, cette déclaration à la fois politique et sentimentale mérite d’être saluée pour sa clairvoyance et son courage : elle doit nous inspirer en ces temps difficiles.

La terrible crise du COVID-19 a suscité une mobilisation massive des institutions européennes, ternie par quelques atermoiements initiaux et par les désaccords affichés par les Etats-membres. Pour surmonter cette crise, nous appelons nos dirigeants et ceux de tous les pays de l’UE à faire preuve de davantage de respect et de compréhension mutuels, de solidarité et de responsabilité !


Ils en auront besoin pour adopter un plan de relance et de reconstruction à la mesure des dégâts causés, comme pour restaurer aussi vite que possible le fonctionnement normal de l’espace Schengen. La solidarité déjà substantielle entre pays de l’UE doit être renforcée et hissée à la mesure du choc économique et social en cours, sur la base de nouvelles ressources : elle ne saurait se limiter à aider des pays déjà très endettés à l’être plus encore.


Les dirigeants de l’UE installés après les élections européennes de l’an dernier ont commencé à se mobiliser pour mettre en oeuvre le Pacte vert, l’agenda numérique et l’agenda social, qui constituent leurs principales priorités : ils doivent être incités à maintenir ce cap tant la crise du COVID-19 confirme la pertinence de ces choix.


Cette crise du COVID-19 ayant mis au jour nos vulnérabilités en matière sanitaire, médicale et industrielle, notamment vis-à-vis de la Chine, nous appelons aussi à renforcer notre autonomie stratégique dans un cadre continental plutôt que via un retour au prés carrés nationaux. Il est plus que jamais dans notre intérêt de promouvoir une souveraineté partagée face aux grands défis mondiaux. L’Europe initiée par la déclaration Schuman était un lieu de réconciliation entre peuples déchirés par des guerres incessantes : elle doit désormais s’affirmer comme un lieu d’affirmation de ces peuples dans une mondialisation lourde de rivalités.


Marqué par l’émergence de nombreux défis externes et le retrait des États-Unis le contexte géopolitique actuel n’a jamais été aussi en phase avec le projet français visant à construire une « Europe puissance » : il doit permettre de nouvelles avancées en matière de sécurité collective, pour peu que nos dirigeants adoptent une approche suffisamment maïeutique.


Si l’Europe ne saurait être une « France en plus grand », peu de pays l’ont autant façonné que le nôtre : avènement de la Communauté européenne du Charbon et d’Acier ; création de l’union douanière européenne et de la PAC ; élection directe des parlementaires européens et établissement du « système monétaire européen » ; mise en place du marché unique, de l’espace Schengen et de l’euro ; progrès de l’Europe de la défense ; promotion de l’Europe sociale ; réforme de la zone euro ; etc. Il nous faut aujourd’hui poursuivre cet engagement européen décisif, avec constance et résolution.


La France est aussi à l’origine de « coups d’arrêts » européens marquants, notamment le rejet parlementaire de la Communauté européenne de défense, la « crise de la chaise vide » dans les années 60 et le rejet référendaire de la « Constitution européenne » il y a 15 ans.


La nette défaite de Marine Le Pen en 2017 a clairement confirmé la volonté d’appartenance des Français à l’UE et à la zone euro. Mais la crise du COVID-19 nous rappelle aussi combien les fractures politiques et les frustrations à l’égard de la construction européenne sont vivaces dans notre pays : elles doivent être impérativement réduites.


« L’Europe » est loin d’être parfaite ou conforme à nos rêves, mais le malaise hexagonal à son égard ne saurait signifier l’exportation de nos problèmes domestiques vers Bruxelles, Berlin, La Haye ou Varsovie ! La France peut répondre aux défis économiques, sociaux, éducatifs, identitaires qui relèvent de ses propres compétences, d’abord pour le bien de ses citoyens, mais aussi pour renforcer encore son rapport à la construction européenne et ses relations avec ses partenaires. Elle en est pleinement capable !


C’est aussi il y a 70 ans que le Mouvement Européen et ses militants ont initié leurs actions de pédagogie, de débat et de plaidoyer, qui nous paraissent encore plus salutaires dans une France qui attend beaucoup de « l’Europe » autant qu’elle en doute. Nous restons plus que jamais résolus à améliorer la connaissance de l’UE et des pays qui la composent, à soumettre ses décisions et son futur à un débat pluraliste et à formuler des propositions visant à renforcer notre Union dans un monde adverse.


« L’Europe » n’est pas tous les jours à la fête dans notre pays, y compris en ces temps de crise sanitaire, économique et sociale. Elle n’a pas pu être honorée et débattue sur nos places et dans nos rues en ce 9 mai pourtant symbolique. C’est donc plus que jamais au quotidien que nous vous invitons à vous engager pour peser sur ses décisions et dessiner son avenir – faites l’Europe !

Poster un commentaire