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La parole à … Amaury Martin


Opinion | Innovation en santé : attention, tabou !


Aujourd’hui j’ai souhaité donner la parole à Amaury Martin qui est directeur de la valorisation et des partenariats industriels à l’Institut Curie en vous faisant part de la tribune qu’il a publiée dans les Echos.


Dr Amaury Martin

En France, l’image que l’on se fait de la recherche est toujours négative. Il faudrait qu’un jour nous parvenions à changer de point de vue, écrit Amaury Martin de l’Institut Curie. La crise du coronavirus, révélatrice de nos faiblesses, montre que nous n’avons pas tellement le choix. En France, parler de recherche, d’innovation, de biotech, de pharma est devenu quasi tabou.

Retard dans le développement du candidat vaccin anti-Covid de Sanofi, passage sous pavillon étranger d’YposKesi, absence de la France dans les essais cliniques sur les vaccins anti-Covid… la liste est longue des sujets qui interrogent. En pourtant, dans le même temps, le nombre de start-up en biotechnologies issues de la recherche dite «fondamentale » augmente, les investissements privés sont enfin au rendez-vous et les évolutions législatives se succèdent pour accompagner cette dynamique : création de bpifrance en 2012 pour rationaliser les aides à l’innovation pour les entreprises, loi Pacte en 2019 qui donne aux chercheurs une liberté pour s’engager dans la création d’entreprises, loi de programmation de la recherche en 2020 qui stabilise les financements pour la recherche publique, annonce début 2021 du quatrième plan d’investissement d’avenir… Alors où est le problème ? Peut-être faut-il s’interroger sur le cadre réglementaire trop contraint de l’innovation en France ?

Peut-être faut-il s’interroger sur le cadre réglementaire trop contraint de l’innovation en France et de l’absence de soutien aux entreprises issues de la recherche nationale ?

Peut-être faut-il s’intéresser aux nombreux laboratoires pharmaceutiques qui mènent leurs essais en dehors de la France et qui privilégient des pays aux mécanismes bien plus souples et favorables aux idées nouvelles ?

Ou alors, faut-il blâmer une centralisation excessive sur ces sujets ? Les pays qui réussissent le mieux ont largement confié ces questions à l’échelon régional et ne raisonnent pas avec des établissements nationaux.

On peut aussi redire que les universités doivent devenir le cœur de la recherche en employant les chercheurs, en définissant leur politique scientifique et en travaillant avec le tissu des entreprises à proximité.

Un sujet tabou

Il y a aussi une autre piste qui est le principal problème et le plus difficile à faire évoluer : la conception que l’on se fait tous de l’innovation. En France, parler de recherche, d’innovation, de biotech, de pharma est devenu quasi tabou car associé à une image négative - on parle d’argent - et de chercheurs fonctionnaires, qui, forcément seraient ne trouveraient rien. Il y aurait ainsi la « bonne » innovation - quoique prédatrice - qui nous vient d’ailleurs (Etats-Unis, Allemagne, Chine) et la nôtre mauvaise, lente, peu valorisée dans l’espace public.

Alors oui, la crise que nous traversons est révélatrice des faiblesses françaises, celles que l’on voit, mais elle doit aussi nous conduire à changer nos points de vue sur ce secteur qui est là pour améliorer la condition de l’humanité sur Terre. Comprendre le vivant, prévenir et soigner les maladies, ne peut avancer qu’en mettant en avant les femmes, les hommes qui s’y investissent, être fier du succès de nos entreprises et retrouver le goût du risque qui a fait de la France le pays de Louis Pasteur, de Marie Curie, de Claude Bernard, de Marcel Mérieux, de Jean Dausset, de Jacques Monod, de Françoise Barré-Sinoussi et de tant d’autres.

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