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La parole à … Claude-Alexandre Gustave


Face aux nouvelles vagues observées en Europe, on entend beaucoup la petite musique “on a déconnecté les infections des hospitalisations“…
Sous-entendu : “on peut laisser filer les contaminations

Regardons l’exemple britannique et les risques de cette stratégie.

A partir des données de OWD (https://ourworldindata.org), il est possible de superposer les courbes des cas détectés et des hospitalisations (conventionnelles ou réanimations).
Que voit-on ?

A] Hospitalisations :
la comparaison entre la vague actuelle et les précédentes montre une “déconnexion” nette entre les cas dépistés et l’impact hospitalier, SOUS RESERVE que :
- le phénomène perdure (à suivre)
- les tranches d’âges infectées soient identiques à chaque vague
Cf. infographie 1

infographie-11

B] Réanimations :
même comparaison, même constat, mêmes réserves.
Cf. infographie 2

infographie-2

Alors où est le problème me direz-vous ?

Il y en a au moins 3 :

1) l’effet obtenu est une relative de la fréquence des formes graves. Si on laisse les contaminations ↗↗↗ on finira quand même par saturer les hôpitaux.
On peut grossièrement estimer à partir des courbes ci-dessus, qu’à nombre identique de cas dépistés, le nombre de patients en réanimations est en moyenne 4 à 5x plus faible actuellement que lors des vagues précédentes.
Si on laisse les contaminations filer 4 à 5x plus que maintenant (à environ 80-100k cas/jour), on atteindra le même niveau de saturation hospitalière qu’en novembre 2020.
Ce niveau semble délirant, mais sans mesures sanitaires il est très facilement atteignable : il correspondrait à un taux d’incidence national de 835 - 1045 cas / 100k / 7j (record allègrement dépassé dans de nombreux pays même avant la levée des mesures sanitaires).

2) on ne connaît pas la durée de protection conférée par l’immunisation !
Ne pas confondre persistance de la réponse immunitaire >8 mois, et persistance de la protection.
Il nous manque toujours les corrélats de protection pour estimer la durée de protection.

Les infections récurrentes que nous allons désormais subir, vont-elles agir comme des “rappels” sans provoquer de forme grave tout en prolongeant notre protection immunitaire ?
Cela aura ses limites : quand on meurt de la grippe on l’a pourtant déjà eu plusieurs fois au cours de sa vie.

3) Laisser filer les contaminations au sein d’une population largement immunisée décuple à la fois l’évolution virale et les pressions de sélection.
On favorise alors les variants à transmissibilité et à échappement immunitaire (par dérive antigénique).
Ce phénomène est déjà décrit pour les Coronavirus humains endémiques (hCoV), dont Spike évolue depuis des décennies, voire des siècles selon le hCoV, avec une dérive antigénique qui abolit progressivement la neutralisation virale.
Exemple avec les travaux du Bloom Lab : https://twitter.com/jbloom_lab/status/1339939720558563328…

Attention donc au piège de laisser le taux d’incidence exploser au prétexte que “les hospitalisations sont déconnectées des infections” !
Ne jamais oublier :
1) la protection immunitaire est relative (pas absolue ni éternelle)
2) plus le virus circule, plus il évolue rapidement


Le Royaume-Uni voit moins d’hospitalisations pour un même nombre de cas détectés… Mais c’est aussi parce qu’ils testent beaucoup plus que lors des vagues précédentes !
Ils voient donc une fraction plus importante des cas réels par rapport aux vagues précédentes, ce qui peut donner l’illusion que les formes graves sont moins fréquentes.

Ceci doit donc amener à pondérer encore un peu plus l’argument de “déconnexion infections/hospitalisations”.
Cf. infographies 3 et 4

infographie-3

infographie-4

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