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La parole à Jean Glavany


Je donne aujourd’hui la parole à Jean Glavany car son commentaire pose des questions essentielles sur notre rapport à la laïcité.


Lu « Génie de la France » d’Abdennour Bidar.

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Abdennour Bidar est philosophe, musulman et laïque, plus laïque que musulman si j’ose dire, auteur notamment, il y a quelques années d’un « Plaidoyer pour la fraternité » bien convaincant. Comme c’est un ami, ma subjectivité risque évidemment d’éloigner mon jugement de toute objectivité - ce qui ne me gênerait point !- et peut-être d’honnêteté - ce qui serait plus embêtant.

Le « Génie de la France » dit Abdennour, tient pour une part essentielle à la laïcité qui serait la condition politique de la vie spirituelle la plus haute. Pourquoi ? Parce qu’en instituant la “séparation”, celle des églises et de l’Etat, elle « fait le vide » le vide créé par la destruction à la fois mystique et métaphysique des idoles. Vieille théorie déjà abordée par Régis Debray. Bref la laïcité serait d’après l’auteur une valeur politique ET spirituelle.


Disons qu’il y a dans ce livre riche, profond, parfois très profond  (trop ?…) un volet qui m’enthousiasme, un autre qui m’intrigue et un troisième qui m’irrite.

Mon enthousiasme vient d’une approche de la laïcité qui vise au cœur de la problématique très actuelle de notre société : la laïcité est le compromis équilibré et républicain dans la gestion de deux contraires : la diversité et le commun. Car la France est diverse, très diverse, et c’est une richesse qu’il faut sauvegarder à tout prix par le respect fondamental des différences, en même temps qu’elle est une, par son histoire, par ses combats, par sa langue et sa culture et c’est une autre richesse sur laquelle il faut tout autant veiller. Conjuguer le divers et le commun, voilà l’ardente obligation de la République laïque, que l’auteur présente à merveille.


Et dans le débat politique actuel, faute de rappeler cette évidence, de l’enseigner, de la promouvoir, on a vu fleurir des « faux-laïcs » des deux côtés (celui de la diversité et du commun) et surgir des débats biaisés entretenus par des chaînes d’info ou des réseaux asociaux qui, au mieux, n’y entendent rien et, au pire, jettent de l’huile sur le feu.
Faux-laïcs, les défenseurs acharnés de la diversité qui clament avec ardeur que la laïcité ne serait que liberté et oublient le commun, à commencer par le respect des lois de la République et, notamment du respect scrupuleux de l’égalité femmes-hommes.
Ceux-là que l’on trouve à l’extrême-gauche et, hélas, trop souvent dans ce qui fut la gauche, contribuant ainsi activement à son discrédit, oublient d’une façon surprenante ce qu’on apprend dans nos écoles (« ma liberté s’arrête là où commence celle des autres »). Ils aiment l’article 2 de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen mais pas son article 29. Ils aiment les droits, pas les devoirs.
Mais faux-läics tout autant ceux qui ne parlent que d’unité, d’indivisibilité, et de leurs corollaires, rejet des différences et, donc, rejet de l’autre, des autres, des différences. Faux-laïcs qui n’ont pourtant que ce mot à la bouche pourtant, qui se trouvent à la droite-extrême et à l’extrême -droite et qui oublient le fondamental respect des différences.


J’aime donc cette défense de la laïcité comme conjugaison du divers et du commun car elle est la seule qui puisse être d’essence républicaine.


Mon intrigue face à ce livre tient sans doute à mon ignorance à moins que ce ne soit à ma réticence à suivre une théorie trop sophistiquée de la spiritualité laïque.


Mon irritation
vient d’un autre point: au début du livre, l’auteur dénonçant à juste titre le racisme d’une droite et d’une extrême-droite reculant devant trop peu de scrupules pour user de l’amalgame  islam égal islamisme, en vient lui-même à envisager un autre amalgame: l’Islam serait victime de la République, en n’étant pas assez admis, accepté. Cela vient d’une manque de pédagogie sur les religions et leurs intégrismes : en gros, la République dit « les religions oui, au titre de la liberté de conscience, les intégrismes religieux non, au titre du respect des lois et règlements ». Cela veut dire , en particulier : l’Islam oui, l’islamisme non.

Simplement si l’auteur avait fait la pédagogie des intégrismes religieux, il aurait pu déconstruire son amalgame. Voyez : au moment où l’on découvre la confirmation de l’épouvantable vague de « pédocriminalité » (je nous en prie, bannissons le mot « pédophilie » de notre langage, ces salauds n’aiment pas les enfants, ce sont des criminels) qui déshonore l’église catholique française depuis des années, et que l’on constate la condamnation unanime du peuple français dans ses profondeurs face à de telles pratiques, il me semble que c’était  (c’est toujours!) l’occasion de s’adresser aux musulmans de France pour leur dire : « voyez comme, contrairement à ce que beaucoup d’irresponsables vous racontent, la République ne s’acharne en rien sur l’islam ! Elle condamne autant les pédocriminels de l’église catholique que les mariages forcés ou les circoncisions des intégristes de l’islam ». La République ne fait pas de distinction quand il s’agit d’appliquer ses lois et règlements. Il n’y a de victimisation possible que si on n’équilibre pas les constats…..

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