Sciences ou communication ?
L’article de Gilles-Eric Seralini et de ses collègues sur le danger des OGM a fait la une du Nouvel Observateur et a entrainé de très vives réactions, comme si tout ce qui était dit dans cet article était parole d’évangile.
Pour que tout le monde comprenne bien cette étude les remarques suivantes doivent être faites :
1 - le mérite des auteurs est d’avoir publié leurs expériences dans un journal scientifique, certes de niveau modeste (facteur d’impact 3, les grands journaux sont au-dessus de 20) mais soumis à la critique des collègues, ce qui est la base de la science.
Leur mérite est aussi d’avoir mis en relation les animaux d’expérience et les produits toxiques durant une longue période ce qui est rarement fait et correspond à la réalité du problème.
2 - A la lecture critique de l’article de nombreuses questions se posent :
• Pourquoi avoir choisi une race de rats qui font spontanément des cancers ?
• Pourquoi alors qu’il est connu que les rats nourris trop abondamment ou avec un maïs contaminé avec un champignon commun font plus facilement des cancers, ne faire aucune mention de la recherche de ce champignon ?
• Comment expliquer que dans un certain nombre d’expériences le groupe témoin qui est soumis ni aux OGM, ni aux pesticides fait plus de cancer que les rats qui reçoivent OGM plus ou moins de pesticides ?
• Pourquoi en utilisant 200 rats avoir multiplié les cas de figure ce qui aboutit à des comparaisons de dix rats dans chaque sous-groupe (de ce fait aucune des constatations n’est statistiquement significatives) ?
Lorsque l’on publie un article scientifique qui contredit des articles précédents, en général, on émet des doutes et on attend confirmation par une autre équipe avant d’affirmer avec certitude ce que l’on constate.
3 - On apprend aujourd’hui que le premier auteur de l’article préside une association anti-OGM, que ce travail a été financé par une association anti-OGM et qu’il est curieux que dans une expérience scientifique où, par définition, on ne sait pas à l’avance le résultat que l’on va obtenir, un film et un livre soient prévus dans les jours qui viennent, donc l’expérience a été filmé depuis le début.
Enfin, il n’est pas classique de prendre une agence de communication pour faire la promotion d’un article scientifique.
En conclusion, dans l’état actuel des choses, puisque je suis un scientifique, je doute et force est de constater qu’il s’agit d’une communication bien menée qui ne repose pas sur des faits indiscutables.
L’étude devra être reproduite par d’autres investigateurs qui devront être indépendants à la fois des anti-OGM et, bien sûr, des industriels pro-OGM.
Posté le : 21 septembre 2012 dans Mon parcours, Points de vue.
Commentaires : aucun
Poster un commentaire