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Mon discours sur les valeurs républicaines


Vous trouverez, ci-dessous, le discours que j’ai prononcé, hier, pour le banquet républicain que nous organisions Place Charles de Gaulle.

« Cher-e-s ami-e-s,

En janvier dernier, après une année 2015 particulièrement éprouvante, je m’étais engagé à organiser un banquet républicain. J’avais envie de montrer notre irréductible volonté de vivre ensemble. J’avais aussi la volonté de rassembler toutes les générations qui constituent la richesse de notre arrondissement.

Comment penser alors que ce discours trouverait un si triste écho dans les attentats de Nice ?

Nous ne pensions pas que l’horreur allait revenir frapper notre pays et encore moins le jour de cette date si symbolique pour notre République.

Pourquoi cacher notre colère ? La litanie de l’horreur ne s’arrête plus : Charlie, l’hypercasher, Saint-Denis, Paris, mais aussi Bagdad, Istanbul, Bruxelles, Orlando, Tel Aviv, Dacca, Tunis…. Et maintenant Nice. La liste est malheureusement longue et nous savons déjà qu’elle s’allongera bientôt de nouveaux noms. A Nice, l’individu lâche qui a tué n’était pas répertorié par les services. Alors que faire ? Mettre un policier derrière chaque Français ? Passer de l’état d’urgence à la Loi Martiale ? On voit bien le piège pour nos démocraties. Il nous faudra veiller à ce que nos réponses n’aillent pas à l’encontre de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Ces valeurs, je sais que nous y sommes attachés.

Dès samedi, en accord avec le Préfet, nous avons donc décidé de maintenir ce banquet Républicain. Vous avez décidé de venir, pour certains, avec vos enfants. Je suis heureux que nous soyons là, ensemble, debout avec nos valeurs comme réponse sans faille à l’horreur et l’obscurantisme.

***

En décembre, l’idée d’organiser un banquet républicain répondait, pour moi, à deux actualités :

  • D’abord, bien sûr, parce que notre République avait été mise à mal. Malheureusement, force est de constater que nous restons une cible.
  • Ensuite, pour tâcher, aussi à notre manière, de répondre à la défiance croissante des citoyens envers le politique et les institutions. J’entends ce désir de faire de la politique autrement. J’écoute les mouvements citoyens. Je vois les projets de coopération. J’entends les envies d’une démocratie plus participative. Je sais que les attentes citoyennes sont immenses pour définir un nouveau contrat social dans lequel l’éducation et la culture doivent être au cœur.

***

L’idée d’un banquet, c’est donc bien l’idée de refaire le monde et de partager ensemble un idéal de société. Hérités de la Révolution Française, les banquets républicains ont porté les révolutions du 19ème siècle réclamant une République pleine et entière, plus de démocratie à un moment où justement celle-ci se façonnait.

Pendant deux siècles, la République Française s’est d’abord construite par opposition à la Monarchie, puis s’est affinée, par étape, autour de ses grandes valeurs,  celles de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité.

Ces valeurs, ce sont à la fois le socle de ce que nous sommes et à la fois un idéal à atteindre.

Ce banquet, je l’ai souhaité modernisé et varié : avec des animations pour petits et grands, pour les familles, pour les jeunes, pour toutes les générations.

Ce banquet, je l’ai voulu ouvert sur le monde, ouvert sur l’autre. Oui, je crois que les valeurs de notre République française sont universelles. Elles appartiennent à toutes celles et tous ceux qui veulent se les approprier. Ceux qui s’exprimeront aujourd’hui sont des citoyens qui montent des projets, pour faire vivre, concrètement et en toute modestie, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

La LIBERTE. C’est un droit fondamental : liberté d’expression, d’information, de pensée, de dessiner des caricatures, d’écouter des concerts, de boire à la terrasse d’un café, de regarder ensemble un feu d’artifice. Mais vivre ensemble dans la liberté, ce n’est pas faire ce qu’on veut. La liberté a des  limites. Elle s’arrête là où commence celle des autres. J’aime cette phrase de Nelson MANDELA qui affirme « qu’avec la liberté, vient la responsabilité ». Le jeune homme que vous avez entendu jouer, s’appelle PATIENT. Il nous vient du Cameroun, a traversé les frontières pour venir dans un pays où il sait que la liberté est une valeur défendue. Il est venu, ici, pour vivre sa passion de la musique car la France des libertés le lui permet.

L’EGALITE, elle, assure à chaque citoyen les mêmes droits. Héritière des Lumières, la République Française a affirmé sa volonté de faire vivre ensemble tous les individus, quels que soient leurs origines, leurs couleurs de peau, leur sexe, leurs orientations sexuelles et leurs parcours. Toutefois, cela ne signifie pas « tous pareil » mais le respect de la différence. Le projet mené par le Quatuor Debussy et les lycées professionnels (et notamment la SEPR) témoigne de cette possibilité de partage au-delà des différences. Ils vous en diront quelques mots tout à l’heure.

Évoquons maintenant la FRATERNITE qui n’est pas le concept le plus facile. La fraternité, c’est ce qui dépasse nos égos pour devenir un « nous » pour partager non seulement une histoire, des valeurs, mais aussi un avenir. Ce soir, vous pourrez écouter la fondation Emergences et les Cités d’Or qui travaillent sur un projet solidaire où entreprises et associations d’intérêt général collaborent ensemble pour aider les plus fragiles.

A ce triptyque « Liberté, Egalité et Fraternité » et à ces exemples concrets, j’ajouterai aujourd’hui deux singularités françaises : la SOLIDARITE NATIONALE et la LAICITE.

  • La SOLIDARITE NATIONALE, héritée du Conseil National de la Résistance, inscrite sous l’influence de mon grand-père André PHILIP, dès 1946 dans le préambule de la Constitution française, elle reste un des principes auxquels les Français sont les plus attachés. Ce principe garantit, parmi d’autres exemples, le système de la protection sociale. Ce soir, les Jeunes Sapeurs-Pompiers de la caserne Corneille, nous rappellent qu’ils appliquent, gratuitement, au quotidien ce principe de solidarité pour garantir le vivre ensemble. Merci à eux d’être là, ce soir.
  • La LAICITE enfin. A l’heure où l’on assiste à la poussée d’identités collectives et religieuses, il nous faut non seulement l’expliquer mais la défendre. La laïcité, c’est un principe de liberté (qui s’explique par notre histoire marquée par les persécutions, notamment religieuses). Il permet le respect de toutes les convictions à travers la séparation du temporel et du spirituel. En d’autres termes, la laïcité « rend à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». La religion n’interfère pas sur la justice, sur l’organisation de l’Etat et sur les valeurs fondamentales comme par exemple, cette égalité femmes-hommes qui doit encore être défendue, malheureusement, au XXIe siècle. Là encore, nos 2 MJC et le Centre Social Bonnefoi, mènent de nombreux projets auprès des jeunes du 3ème. Ici, vous pouvez voir l’atelier autour de Marianne. Ils ont, une fois de plus,  répondu présents pour l’organisation de cette soirée. Merci à chacune de ces structures (laïques) pour leur investissement à nos côtés.

Je vois, ce soir, de nombreux visages connus : conseillers de quartiers, habitants, responsables associatifs, quelques commerçants, élu-e-s, salariés de la Ville, de la Métropole de Lyon, de la Part-Dieu…. Je n’ai pas pour habitude de distinguer l’engagement politique des autres formes d’engagements citoyens. Je suis persuadé qu’il y a 1 000 manières de servir la cité. Je le dis souvent c’est l’ensemble des forces vives qui constitue le maillage de notre arrondissement.

Ce banquet, c’était, sous une forme originale et conviviale, l’occasion de partager ensemble un moment, autour des valeurs qui constituent notre République :

  • Je voulais vous parler de la République de la liberté, liberté d’être, liberté d’entreprendre, liberté de conscience,
  • Je voulais vous parler de la République de l’égalité entre les hommes et les femmes,  quelle que soit leur origine,
  • Je voulais vous parler de la République du respect de chacun, dans ses traditions et ses coutumes,
  • Je voulais vous parler de la République fraternelle, laïque et solidaire.

Ce soir, ces phrases, écrites avant l’attentat de Nice, prennent évidemment un sens tout particulier. Elles raisonnent fortement en chacun de nous. Cette fierté d’être, ici, ensemble s’accompagne d’une immense tristesse et d’un espoir particulièrement fort. Je terminerai donc mon propos par deux pensées :

  • D’abord, pour les victimes de Nice et leur entourage.
  • Ensuite, pour les forces de l’ordre, la police, les vigiles, l’armée qui assurent notre sécurité ce soir et tous les jours de l’année. Le contexte est particulièrement complexe depuis plus d’un an. Vous êtes debout, avec nous et nous vous en sommes sincèrement reconnaissants.

En cette période estivale et malgré le contexte difficile, je suis content que nous soyons rassemblés, sur cette place Charles DE GAULLE, ce héros qui tient un rôle particulier dans notre histoire, pour rappeler notre désir de vivre ensemble en paix, en France, à Lyon et dans le 3ème.

Nous sommes la République.

Au lieu des applaudissements traditionnels, je vous invite à respecter, tous ensemble, une minute de silence en hommage aux victimes de Nice. »

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