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André Philip, un socialiste partisan de la rigueur


Les leaders socialistes qui préparent la séquence électorale du printemps 2012 se disent partisans de la rigueur mais, selon le mot de François Hollande, leur candidat au scrutin présidentiel, elle doit avoir du sens. Ce mot - “rigueur” - appliqué à la politique économique a d’ailleurs été inventé par Pierre Mauroy, premier ministre socialiste en 1982.

Si, à l’époque, certains l’avaient vécue comme une parenthèse malheureuse, la rigueur avait ses défenseurs parmi les socialistes des périodes antérieures, lorsqu’il était question de la gestion des finances publiques.

Un des plus illustres, André Philip, fut conseiller économique de Léon Blum, ministre de l’économie et des finances du 26 janvier au 11 juin 1946, puis du 17 décembre 1946 au 22 janvier 1947.

André Philip naît le 28 juin 1902 à Pont-Saint-Esprit (Gard). Son père, issu d’une vieille famille protestante, était officier. Docteur en économie en 1923 et agrégé de l’enseignement supérieur en 1926, il est nommé professeur d’économie à la faculté de Lyon. Il rejoint la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), le nom du Parti socialiste de l’époque, en 1920. Il est élu député en 1936 au moment de la victoire du Front populaire. Il préconise alors une rupture avec la politique de déflation du gouvernement sortant, tout en étant réservé sur l’idée d’une relance par le déficit budgétaire. Il défend le principe d’une politique centrée sur la croissance, à la différence des obsessions monétaires qui avaient justifié la déflation.

Favorable aux grands travaux, il veut qu’ils soient financés par une hausse des impôts des plus riches et milite pour une modernisation active de l’économie faisant plus appel à la concurrence.

UNE VISION MORALE

Comptant parmi les 80 députés qui refusent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940, il devient durant l’Occupation, avec sa femme, Mireille, une des figures marquantes de la Résistance. Après la guerre, pendant son passage rue de Rivoli (alors siège du ministère de l’économie), il défend le principe du retour à l’équilibre des comptes publics et la nécessité de lutter contre l’inflation.

Il décide de réduire les dépenses de l’Etat de 17 % et, avant de quitter son poste en janvier 1947, signe un décret baissant les prix de 5 %. Convaincu que la justice sociale est d’autant plus accessible que l’économie connaît la croissance, il assigne à l’Etat la mission d’orienter l’activité économique. C’est dans cette logique qu’il crée en 1946 l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface), afin de favoriser le développement des exportations.

Faisant voter la nationalisation du secteur de l’énergie (gaz, électricité, charbonnages), il défend l’autonomie de gestion de ces entreprises dans un cadre défini par l’Etat. Rédacteur du préambule de la Constitution de 1946, où les droits économiques et sociaux sont affirmés, il a une vision morale de son engagement socialiste. Il s’oppose aux dirigeants de la SFIO dans les années 1950, les accusant de faire de la surenchère économique en promettant l’impossible. La rupture survient lorsque le gouvernement de Guy Mollet intensifie la répression en Algérie.

Exclu de la SFIO en 1958, il continue de militer, notamment en faveur de la construction européenne, jusqu’à sa mort en juillet 1970.

Les acteurs de l’économie | LE MONDE ECONOMIE,  le 28.11.11

Par Jean-Marc Daniel, professeur à l’ESCP-Europe

Commentaires

Commentaire de rachidi
Date: 2 décembre 2011, 17:57

On ne peut que rendre hommage à cette grande famille
lyonnaise qui enrichit la ville d’ une identité forte locale
et nationale.

Commentaire de Nope
Date: 5 décembre 2011, 1:58

Et on peut néanmoins rappeler qu’il y a des alternatives à la rigueur. Le no alternative thatcherien n’est pas socialiste.

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