Mettez vous discrètement à écouter la réponse de la préposée au téléphone : « Oui, madame, nous prenons des personnes âgées dans notre résidence… (silence)… oui, il y a un peu d’attente… (silence)… non, ne prenons que des personnes sans revenus ou dans des conditions financières difficiles … ».

Ce n’est pas de la science fiction, c’est ce que j’ai entendu samedi après midi à la résidence de personnes âgées tenue par les Petites sœurs de Pauvres, auxquelles nous sommes très attachées. Elles accueillent sans discrimination et elles prennent soins avec une générosité hors du commun, sans pathos, mélangeant avec doigté, fermeté et sérénité. Certains diraient qu’elles sont très professionnelles mais je trouve ce terme très fade pour évoquer leur engagement.

Samedi après midi, c’était donc le Noël des Petites Sœurs. J’y suis allé avec Gabriella, ma petite fille, et deux adjoints. Tous les résidents étaient réunis dans la salle de spectacle pour assister à une pièce de théâtre jouée par les résidents eux-mêmes puis à un petit concert avec des écoliers et des résidents. Bien sûr, les voix ne sont plus aussi fermes et posées qu’avant mais l’humour est encore là même si certaines répliques tardaient à venir ! Mais est ce vraiment la pièce elle-même qui importait ou le travail mené depuis plusieurs mois avec les résidents ? Bien évidemment, construire ensemble, donner un sens à un quotidien, offrir ou jouer pour les autres participent à l’équilibre de cette résidence.

N’est ce pas cela qui est négligé trop souvent dans d’autres résidences de personnes âgées pourtant encore autonomes ? Et, sans faire d’angélisme, n’est ce pas ce qui manque à la France, l’envie de créer ensemble un avenir ?

Humilité, professionnalisme, sérénité, projet de vie commun, une belle recette.